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Mobidiag, entreprise Franco-Finlandaise dans le secteur du diagnostic moléculaire
Mobidiag a lancé sa dernière innovation « Novodiag » à l’Ambassade de Finlande le 18 décembre dernier. Grâce à leur technologie, les pathogènes des maladies infectieuses sont détectés rapidement et de manière fiable ce qui permet de guider les traitements et de réduire les coûts de l’hospitalisation. La CCFF a interviewé le PDG, Tuomas Tenkanen et Dorothée Allard, chargée de la communication et du marketing.
Pouvez-vous nous présenter brièvement l’histoire de Mobidiag ?
« La société Mobidiag d’aujourd´hui est la fusion de trois entités : Genewave (France), Mobidiag (Finlande) et Amplidiag (Finlande). C’était une fusion importante parce que Genewave avait une technologie unique dans le développement des instruments, mais elle manquait de savoir-faire dans les secteurs des tests et de biochimie, et Mobidiag réalisait des tests prometteurs mais les instruments qu’elle utilisait étaient perfectibles. Genewave avait donc besoin de Mobidiag et Mobidiag avait besoin de Genewave. Amplidiag, quant à elle, était une société qui possédait des brevets et des tests pour les infections gastro-intestinales. Cette fusion nous a permis de réunir les forces de chaque entité, mais comme toute fusion elle s’accompagne de nouveaux défis, de challenges à relever mais nous étions devant une occasion unique qu’il fallait saisir. Le lancement de l’instrument et des tests Novodiag en décembre dernier à l’ambassade de Finlande à Paris est le résultat de cette fusion réussie et nous a fait franchir une nouvelle étape de notre développement en France et à l’international. »
Votre dernier produit, Novodiag s’inscrit-il dans une continuité ou dans une rupture ?
« Notre gamme historique Amplidiag est une solution de tests et instrument pour la détection des maladies gastro-intestinales particulièrement adaptée aux grands laboratoires qui ont besoin d’un système pour réaliser de grands volumes de tests. La nouvelle solution Novodiag est quant à elle parfaitement adapté aux plus petits volumes et utilise un processus simple et rapide pour l’analyse directe d’un échantillon déposé dans une cartouche. Novodiag peut aussi être utilisé par les grands laboratoires pour des besoins en résultats rapides ou pendant la nuit et le week-end quand le personnel habituel ne travaille pas. Pour nous, c’est un vrai avantage de proposer ces deux systèmes complémentaires.
Nous avons beaucoup travaillé pour que les systèmes soient faciles à utiliser et accessibles. Il guide l’utilisateur étape par étape. C’est un avantage certain et j’ai été surpris de constater que les grandes sociétés ont des systèmes puissants et efficaces mais qu’ils restent très difficiles à utiliser au quotidien. »
La résistance croissante aux antibiotiques préoccupe nombreux d’entre nous. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?
« C’est un problème très grave, et il faut qu’on agisse ! Il y a deux solutions : créer des nouveaux antibiotiques ou traiter les maladies avec les antibiotiques seulement quand cela est vraiment nécessaire pour éviter le développement de résistances. La plupart des tests basés sur la culture sont lents et laborieux et les technologies de diagnostic basées sur les anticorps sont rapides mais ne sont pas capables d’identifier les résistances. Le médecin prescrit alors l’antibiotique avant de connaitre les résultats ou de déterminer les résistances existantes.
Nos concurrents ont des tests soit très complexes à utiliser, soit trop chers. Notre produit, Novodiag, est facile à utiliser et nos cartouches sont à un prix accessible. Avec notre technologie on peut détecter plusieurs bactéries avec une seule cartouche ce qui est un grand changement par rapport à auparavant. Avec notre technologie, on gagne du temps et les médecins peuvent ainsi se concentrer sur le traitement plutôt que sur la mise en œuvre des tests. »
Vous avez une longue expérience (25 ans) comme dirigeant.
Quel serait votre conseil aux jeunes dirigeants ?
« En Finlande, comme en France, on a souvent peur de prendre des risques. On analyse un projet du début jusqu’à la fin. Mais quand il s’agit de la haute technologie, cela n’est pas possible. Les grands projets ne finissent jamais comme on a prévu. Mais quand on va de l’avant, il y a des nouvelles portes qui s’ouvrent même s’il y en a d’autres qui se ferment. C’est la seule manière pour réussir. Si on calcule tout, on ne commence jamais.
Deuxième chose, c’est qu’on doit avoir une bonne équipe. En particulier dans le domaine de la haute technologie, il faut trouver les meilleurs spécialistes. Il est nécessaire de regarder ailleurs, dans d’autres pays, c’est le seul moyen pour trouver la meilleure équipe. On m’a demandé pourquoi on a deux sièges (à Helsinki et à Paris). La réponse, c’est qu’on ne peut pas rester seulement en Finlande, le savoir-faire est aussi en France. »
Est-ce qu’il y a une différence entre le marché de santé en Finlande et en France ?
Comment cela se traduit, par exemple, dans le marketing de vos produits ?
« Oui, il y a une vraie différence ! Le marché français est plus complexe à cause du système de remboursement. En Finlande, le marché est plus direct, mais aussi beaucoup plus petit. La façon dont on présente nos produits aux médecins est différente parce qu’en Finlande, on a des grands centres médicaux centralisés qui ont leurs laboratoires sur place. En France, cette configuration existe mais les médecins de ville restent séparés des laboratoires»
Où voyez-vous Mobidiag dans 5 ans ?
Tuomas Tenkanen en souriant : « Le leader ! »
Dorothée Allard : « Les technologies à l’origine de Mobidiag sont en perpétuelle évolution. Si l’on se projette à un ou deux ans, notre idée c’est de continuer de développer des tests et élargir notre offre. Notre cœur de métier est axé sur les pathologies gastro-intestinales mais notre technologie peut être applicable à d’autres pathologies où les médecins ont besoin des résultats extrêmement rapidement comme par exemple les maladies respiratoires. »
Tuomas Tenkanen: « On a de nombreuses possibilités pour grandir. Notre stratégie, c’est de se concentrer sur le développement des tests pour les maladies infectieuses mais la même technologie peut être utilisée pour détecter des cancers et marqueurs cardiaques entre autres. Nous sommes en train de chercher des partenaires pour développer de tests dans d’autres domaines et pour nous développer aux Etats-Unis. Nos solutions et nos axes de recherches nous permettent d’envisager un développement des plus dynamique sur les prochaines années.»