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Interview : Ari Huusela, le premier nordique sur la ligne de départ du Vendée Globe, l’a fini avec honneur.

La CCFF a eu le plaisir de s’entretenir avec Ari Huusela. En 116 jours il a réussi à faire le tour du monde à la voile et réaliser son rêve ultime.

Interview : Ari Huusela, le premier nordique sur la ligne de départ du Vendée Globe, l’a fini avec honneur.

La CCFF a eu le plaisir de s’entretenir avec Ari Huusela, le premier skipper nordique à prendre le départ du Vendée Globe. En 116 jours et 18 heures il a réussi à faire le tour du monde à la voile et réaliser son rêve ultime.

Qu’est-ce qui a motivé Ari Huusela pour faire de la voile ?

La passion de Ari Huusela pour la voile a commencé il y a plus de 30 ans : « Mes collègues m’ont demandé de rejoindre leur équipage, je n’avais jamais fait de voile auparavant. J’ai adoré immédiatement, c’était en été 1986 et c’était le début de ma passion pour la voile ». Tout de suite, il a commencé à suivre des compétitions de voile : en 1986 le BOC Challenge avec les finlandais Hjallis Harkimo et Pentti Salmi qui ont navigué partout dans le monde en quatre étapes et la compétition Mini Transat où l’on traverse l’Atlantique : « 13 ans après, en 1999, j’étais sur la ligne de départ de la Mini Transat. » Cependant, la voile pour Ari Huusela n’est qu’un hobby « qui a peut-être pris beaucoup de place », il travaille en fait comme pilote chez Finnair.

Le Vendée Globe est un rêve de longue date pour Ari Huusela. Quand a-t-il décidé qu’il voulait y participer ?

Le rêve du Vendée Globe s’est développé au cours des années. Les compétitions passées et les Vendée Globes qu’il avait suivis lui avaient donné envie d’y participer lui-même. En 1996 Ari Huusela visitait la ville de départ du Vendée Globe par hasard lors d’une excursion. Les préparatifs pour la prochaine compétition étaient en cours : « Je regardais les bateaux, j'ai pensé à ces skippers et je me suis demandé comment c’était possible pour un humain. Il y avait toutes sortes de types qui le faisaient, c’est une course tellement brutale. Ça me turlupinait, je trouvais ça infaisable, mais avec le temps… ».  

Après ça l’intérêt de Ari Huusela pour la voile a continué de grandir. Il a participé à différentes compétitions. Il n’a pas abandonné malgré de nombreux défis, tels que le comblement des places pour la Transat 2002-2003 et les défis financiers induits par la crise de 2008. Lors du Vendée Globe 2016-2017 Ari Huusela a porté une attention particulière à quatre participants : « Ils ont participé à la course avec moins d'expérience que moi et avec un budget très serré. Quand tous les quatre ont survécu jusqu'à la ligne d'arrivée avec ces ressources, j'ai réalisé que j'avais aussi une chance ». Le projet du Vendée Globe a donc officiellement commencé en février 2017, mais Ari Huusela était encore loin de la ligne de départ : «116 jours en mer ne représentent qu'une petite partie du travail à faire. 80% ou plus se font avant le départ ».

 

Le Vendée Globe est une course longue et dure, 47% des bateaux ne voient jamais la ligne d’arrivée. Quels ont été les plus gros défis/succès de Ari Huusela pendant cette aventure?

Ses plus grands challenges ont été l’obtention de sponsors et de financements. C’était un projet long et difficile où, selon Ari Huusela, les responsables marketing ont dû faire preuve de courage et de vision, car le point culminant du projet, être sur la ligne de départ, était incertain et lointain de plusieurs années quand tout a commencé : « Nous leur avons promis la lune: de la valeur ajoutée, de la visibilité et un storytelling, pour renfoncer leurs marques. Nous n'avons pas fait de promesses vaines. »

Ari Huusela a d’ailleurs considéré que les partenariats réussis étaient sa plus grande réussite, car  son équipe a réussi à tenir et même à dépasser ses promesses, et à atteindre les deux buts incertains : être sur la ligne de départ et aussi sur la ligne d'arrivée. Ce fut grâce à la culture d'entraide et de volontarisme finlandaise : « 116 jours, j'étais seul, mais en pratique, il y avait au mieux 50 personnes autour de moi».

Ari Huusela est également très satisfait de l'ensemble de la performance et du fait qu'il soit entré dans la course. En tant qu’amateur, il a atteint la ligne d'arrivée avec les honneurs au même titre que ses concurrents, marins professionnels expérimentés aux budgets conséquents. Ari Huusela souligne l'importance d'une préparation et d'un équipement soignés, et trouve que sa manière de faire méthodique et précautionneuse acquise par son expérience de mécanicien aéronautique a été déterminante. Il relève par exemple l'importance des systèmes de secours: « C’est aussi ce qui apporte de la tranquillité d'esprit en mer: quelque chose pourrait se casser et je pourrais quand même continuer, et autre chose pourrait me lâcher et je pourrais toujours rester dans la course ».

La voile est un sport populaire en Finlande comme en France. Nous avons demandé à Ari Huusela quelles étaient les différences et points communs de la pratique dans ces deux pays.

Selon Ari Huusela, les deux pays ont un niveau élevé. Les chances de succès, cependant, sont assez différentes : les ressources des marins finlandais, comme l’aspect financier, sont vraiment maigres, tandis qu'en France, les marins sont souvent des professionnels. Il compare la voile en France à la Formule 1, gérée par une écurie et des sponsors, les marins peuvent se concentrer sur l'essentiel.

Ari Huusela lève son chapeau aux Finlandais, car ils ont très bien réussi malgré tout ça. «Après tout, la Finlande est un pays merveilleux car avec 5 millions d’habitants, elle arrive à décrocher des médailles olympiques en voile, sport pratiqué dans plus de 120 pays ! […] Nous avons encore une mer glacée la moitié du temps, et pourtant ! C'est une combinaison incroyable de qualité, de talent et d’enthousiasme des marins ».

Le succès se définit différemment en Finlande et en France: les Français sont connus pour leurs podiums et, par exemple, un marin français a toujours remporté le Vendée Globe. Pour Ari Huusela, cependant, le succès signifiait des partenaires satisfaits et finir la course. Il est également fier de sa « finnoisité », car dans la plupart des compétitions, le pavillon finlandais ne flotte que sur son bateau, souvent il est même le seul coureur nordique: "C'est moi… si je n'étais pas là, la Finlande ne serait pas représentée".

En cette année exceptionnelle, nous avons dû passer beaucoup de temps seuls. Ari Huusela a passé 116 jours en solitaire, complètement isolé du reste du monde. Comment l’a-t-il vécu ?

« Cela s'est déroulé étonnamment facilement et rapidement." La plus longue navigation en solitaire de Ari Huusela avant le Vendée Globe avait duré 24 jours, et déjà il avait en tête le Vendée Globe, il réfléchissait à la façon de faire le tour du monde en solitaire, car 24 jours ne sont que le début d’une telle course. Cependant, il a trouvé qu'être seul était surtout positif : «La solitude faisait partie de ce que je cherchais. On peut aussi en profiter ». Pour l'essentiel, de bonnes conditions de navigation ont contribué à sa bonne humeur, tout comme la technologie qui lui ont permis de rester en contact avec son équipe, les autres concurrents et sa famille. Noël a été célébré avec la famille via vidéo à 1000 miles du sud de l'Australie et selon Ari Huusela c'était le « meilleur Noël de ma vie, merveilleux ».

En mer, on oublie ses pensées et on passe le temps avec différentes tâches. «Sur le bateau,  il y a autant de travail qu’on en veut ou qu’on a de temps». Parfois, on passe des semaines sans même voir de navire. Le plus difficile a été la fin et la navigation dans l'Atlantique familier après un long voyage : « arriver à terre, se mettre en sécurité et voir ses proches et plus généralement des gens... Plus vous vous rapprochez de la plage, plus ça commence à vous manquer… »

 

Merci pour l'interview Ari Huusela! 

Si vous voulez en savoir plus visitez son site web.

 

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